CLAIR OBSCUR

L'INCUNABLE CLAIR-OBSCUR DE L'ACMÉ

 

  Du plus profond des temps, la création, évolutive éternellement et paradoxalement éphémère, nous étonne et comme le Phoenix renaît de ses cendres, nous subjugue.

Le commencement des choses, son berceau, son mystère, sa valeur même, comme s'il était fait d'une matière semblable à l'Amour, contient son apogée, sa plénitude, sa perfection,mais reste flou jusqu'à ce que le temps mature son oeuvre, la transforme ou la détruise pour enfin la réincarner et la transcender.

 

L'anticipation proleptique de la qualité d'une réalisation, sans la certitude du savoir, par divination, vaticinations, transforme l'idée innée en une notion acquise par les sens. Une présomption sait déjà la finalité, alors que la méthode et la chronologie ne sont pas encore entièrement établies. Le sens subliminal s'éclaire à l'inspiration d'une perception globale qui surpasse et énergétise, comme une illumination, le déroulement d'un protocole. Une lévitation, une supra logique, anticipent sur l'analyse par un mystérieux "coup de foudre" initiatique et installent un processus comparable à la mimésis qui stimule les systèmes sympathique et parasympathique, capables de mettre en oeuvre codes et procédures, pour aboutir à la concrétisation instantanément créatrice d'une mise en oeuvre.

 

De par l'espace et par delà les instants de ce monde de passe où nous flamboyons, le temps de ce souffre jouissance exceptionnel nous anime. L'accomplissement, l'élan qui nous projette hors de ces limites d'apparence où subsiste notre inconscience nous façonnent, bien au-delà de cette prodigieuse mémoire et des courants d'influences qui nous transforment. Instants libres du "soi" vibrant de découvrir, d'inventer, de mettre au jour cette trace de comète, intime éternité d'une révélation, instants magiques matérialisant l'inimaginable. L'infini du fini féconde et évolue.

 

Depuis des milliers d'années l'homme et la femme jouent leur sécurité rudimentaire en de complexes acrobaties, dans les labyrinthes de leurs cerveaux, afin de pouvoir s'étonner encore et toujours d'instables instants divinement nouveaux et rayonnants. Résultat éphémère à cultiver, le futur comme résultante du passé, le présent ancré dans le futur nous font évoluer dans un état, celui que crée le milieu, régi par notre structure.

 

L'empathie, forme particulière du moi social, conscience de la conscience, nous permet de faire la lumière sur la connaissance, la manière de voir et de percevoir les autres, le moi et le "ça". Agrandir l'amplitude de l'espace physique et psychique pour transmettre la verve suprême de l'être et du constant mutant que nous sommes, sauvés, mais condamnés à la création par raison de folie logique.

 

La phénoménologie de la psyché est révélatrice et permet de s'assimiler, de s'opposer, de s'imposer. Cette entité est émettrice d'une multitude de codes, d'informations, de révélations d'étranges artifices de formes, de couleurs, de lignes, de signes, de traces, de réalités primaires et secondaires,de qualités et de défauts, de sentiments ambigus qui contiennent tant d'imprévus, et dessinent comme à dessein l'unité de temps, de lieu et d'action d'un vivant spectacle de la vie, inexplicable et douloureux, léger et transparent, lourd et inquiétant, rempli de figures imprévisibles.

 

Empire du hasard maîtrisé, du flux et du reflux d'une marée d'hallucinations, de reflets, d'entrelacs, de significations, et pourtant porteurs d'une incompréhensible quiétude, des effets aussi nombreux qu'involontaires sont liés à la nécessité aléatoire et reliés à la liberté fascinatoire de l'imagination

 

La Vérité est vaste et plus certainement une utopie éclatée, pulvérisée, particules en suspension dans l'immensité des sens qui s'entrecroisent au-delà d'une réalité monolithique indétournable. Un monde nous sépare du rêve anté-préhistorique où se mêlent les quatre éléments, les mystères et la peur, à la complexité de l’apparition del'ADN et à l'angoisse du futur.

Nous héritons d'une masse d'informations qui nous déterminent, et ce que nous consommons nous rend contemporains. Le souvenir lointain et inconscient de l'éclair qui nous fait nous rend éternels au présent, et nous fait tirer des plans sur la comète. Pas à pas, dans le futur, la grâce qui nous porte et nous emporte, à l'inverse d'Icare, nous projette dans le feu du ciel,nous épargne,et comme Prométhée, nous permet de transmettre la flamme. Le risque vaut la chandelle ! Certes, même si un état d'âme fluctuant nous ravage de doutes, et par une rage sublime, nous fait invoquer Némésis, fille de la nuit Vengeresse, symbole de la Justice distributive.

La bête se transmue grâce au sentiment de la Beauté L'histoire s'invente à chaque instant, l'esprit créatif et diégétique expose ses solutions, l'âme anime, et sa grandeur endogène détermine le mécanisme de l'Anabase. Le coeur, sentiment émetteur et récepteur, éponyme au sens superlatif de l'Art de vivre, de penser, d'aimer et de créer, bat jusqu'à la quintessence, éternité possible face à l'absence qui nous guette. Se prépare, Lectisterne.

 

                                                                                                                  

Jean LEHMANS Paris, le 21 Janvier 2006

 

 

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